Kandinsky, une vie bariolée – Création 2016
A propos de la mise en scène
Mes deux précédentes créations étaient consacrées à la sculptrice Camille Claudel et la poétesse Marina Tsvetaeva, artistes majeures de cette période si féconde par laquelle notre monde entrait dans la modernité.
Aujourd’hui, avec Kandinsky, une vie bariolée de Brigitte Hermann, je poursuis ma réflexion quant à la place et au rôle de l’artiste dans la société.
J’ai imaginé un spectacle total où voix, musique, vidéo, concourent à l’évocation de la figure, de l’oeuvre et de la pensée de cet inventeur de l’abstraction.
Camille Claudel, Marina Tsvetaeva, Vassili Kandinsky, autant d’artistes hors-normes, passeurs de sens. Ils ordonnent le chaos du monde, tracent, éclairent, donnent forme.
Plus que jamais, ils nous sont nécessaires.
Présentation de la pièce
Au début de la pièce, le jeune Kandinsky s’apprête à quitter Odessa où il a été élevé par sa tante Elisabeth. Il va rejoindre Moscou, sa ville natale, pour achever ses études de droit. Mais plusieurs expériences déterminantes le forceront à obéir à l’appel de sa seule vocation artistique.
À trente ans, en 1896, il est à Munich afin de devenir peintre, auprès de sa première épouse Ania, puis de sa compagne et ancienne élève, le peintre Gabriele Münter. Pour Kandinsky, qui a une haute conception du rôle de l’art, il s’agira de devenir peintre au cours d’un travail acharné, à l’écoute de l’étrange «nécessité intérieure» qui l’habite, et des formes qui naissent en lui.
À Murnau, en 1908, il approche l’abstraction avec ses amis les peintres Alexeï von Jawlensky et Marianne von Werefkin, commence à rédiger Du Spirituel dans l’art, à graver et à écrire des poèmes pour son recueil Klänge (Résonances). Puis c’est l’entrée toute naturelle dans l’abstraction.
Avec le peintre Franz Marc, il prépare l’almanach et les expositions du Blaue Reiter (Le Cavalier bleu, 1913) où pour la première fois, la confrontation entre l’art ancien et l’art moderne, l’art des enfants et des lettrés, celui des civilisations extra-occidentales, l’art «des aliénés», l’art antique, la musique, le théâtre et la poésie, démontre qu’il existe un art vrai, né de la seule «nécessité intérieure», qui parle «d’âme à âme» à travers le temps et l’espace, par-delà chaque personnalité, la langue du «pur et éternel artistique».
La guerre de 1914 renvoie Kandinsky à Moscou où il rencontre sa seconde épouse, Nina. Il participe avec espoir aux grands débats artistiques de la Révolution russe, tandis qu’à Zurich, sur la scène Dada du cabaret Voltaire, Hugo Ball récite ses poèmes et Hans Arp s’enthousiasme pour son œuvre. Le Bauhaus où Kandinsky est appelé en 1922 pour enseigner la peinture auprès de Paul Klee, développe ses idées sur la «synthèse des arts» et sur la grammaire des éléments, jusqu’à la fermeture de l’école par les nazis et la fuite de tous les maîtres et étudiants déclarés « artistes dégénérés ».
Kandinsky réfugié à Neuilly-sur-Seine achève sa vie de peintre auprès de Nina, explorant jusqu’au bout les mondes nouveaux créés par sa seule nécessité intérieure, ayant ouvert la voie à une nouvelle appréhension de l’art.
La Vie bariolée est le titre du grand tableau qui permit à Kandinsky de commencer à opérer un progressif approfondissement de la réalité vue, jusqu’à en dégager les significations spirituelles, et de réfléchir sur l’unité à travers la diversité. La pièce reprend la plupart du temps les termes exacts des échanges qui eurent réellement lieu entre les différents personnages.
Entretien animé par Sabine de Rozières avec Marie Montegani