Camille, Camille, Camille Création 2014. Reprise 2016-2017.

« J’ai voulu que renaisse sur scène, celle que l’on a cherché à museler, celle qui réclamait la liberté à grand cri et poser la question de la place de l’artiste femme dans la société, aujourd’hui »

Dossier Complet : Dossier Camille, Camille, Camille 2016-2017

La Presse en parle : « Camille, Camille, Camille, une pièce bouleversante » par Dashiell Donello – Médiapart

« Camille, Camille, Camille » par Nicolas Arnstam- Froggy’s delight

« Les trois visages d’une artiste » par Gilles Costaz -WebThéâtre

Camille Claudel, artiste maudite

Comment ne pas être bouleversé par cette artiste de génie, cette femme libre, qui souhaitait faire reconnaître son art et que l’abandon de Rodin, l’isolement et le manque de commande conduisirent à la misère et poussèrent à la folie. Celle qui fut internée à l’asile de Ville-Évrard en 1913 (huit jours seulement après la mort de son père qui l’avait toujours soutenue) avant d’être transférée un an plus tard à l’asile de Montdevergues, mourut des suites de malnutrition, le 19 octobre 1943, à l’âge de 78 ans. Quelques jours après sa mort, Camille Claudel est inhumée au cimetière de Montfavet accompagnée du seul personnel de l’hôpital. Ses restes seront transférés dans le carré no 10, fosse commune appelée aussi « carré des fous ». Camille Claudel rejoint ainsi la liste des artistes maudits, au destin tragique. Il faudra attendre presque la fin du XXe siècle pour qu’elle sorte à nouveau de l’oubli, notamment grâce au remarquable travail de Reine-Marie Paris, petite nièce de Camille Claudel, et le texte de Sophie Jabès vient rappeler avec force la femme et l’artiste hors du commun qu’elle était.

Camille, Camille, Camille, tragédie contemporaine

La pièce de Sophie Jabès s’ouvre sur un monologue de Camille Claudel au seuil de sa mort, de Camille Claudel à l’asile de Montdevergues. A l’image de la vieille Clotho qu’elle avait sculptée des années auparavant, Camille déroule le fil de ses pensées, le fil de sa vie mais dans un grand désordre. Le deuxième tableau nous projette dans l’atelier de Camille, quelques jours avant son internement. Elle s’apprête à détruire ses dernières créations, enfermée dans une solitude destructrice où elle devient la proie à de délires psychotiques et obsessionnels sombrant peu à peu dans la folie. Elle réclame vengeance et maudit celui qui les a abandonnés elle et ses enfants, telle Médée. Dans le troisième tableau, Camille Claudel a 20 ans. Elle est l’élève de M. Rodin, elle est heureuse et semble déterminée, sûre de son talent, prête à se mesurer au maître et bien décidée à se donner à lui.

Puis on entend un messager qui annonce des morts successives, et voilà qu’elles se rencontrent, se reconnaissent, se parlent. De ces tentatives surgit le faible espoir d’échapper à leur destin. Pourtant chacune d’elle accomplira le sien.

Je me suis attachée à faire résonner ce chant à trois voix, à le mettre en mouvement. Les comédiennes s’emparent de cette matière comme Camille s’appropriait la glaise, le marbre ou l’onyx. Telles des apparitions fantomatiques, des projections filmées de ses oeuvres viennent hanter le plateau et tourmenter l’esprit des trois Camille. Des voix s’élèvent comme des mugissements à la hauteur des plaintes qu’elle a exprimées contre tous ceux qui l’ont abandonnée.

J’ai voulu que renaisse sur scène celle que l’on a cherché à museler, celle qui réclamait « la liberté à grand cri », liberté de créer, de sculpter, d’exister et poser la question de la place de l’artiste femme dans la société, aujourd’hui.

CAMILLE, CAMILLE, CAMILLE
Texte de Sophie JABÈS (édité chez Lansman)
Adaptation scénique et Mise en scène Marie MONTEGANI

Avec
Vanessa FONTE, Nathalie BOUTEFEU, Clémentine YELNIK
et Geneviève DANG dans le rôle du Messager

Nicolas SIMONIN (Création lumière-vidéo), Christophe CORDIER (Parties filmées), Françoise KLEIN (Création costumes), Élodie MONET (Scénographie), Marianne PIERRÉ (Création son)